• « La dépression frappe au hasard : c'est une maladie, pas un état d'âme. »

    Je tenais à vous parler de la dépression. Beaucoup en parlent, utilisent ce mot à tort et à travers, ne savent pas vraiment ce que c’est ou peuvent y être tout simplement confrontés.

    Je l’ai toujours plus ou moins côtoyée, ma grand-mère étant une grande dépressive avec plusieurs tentatives de suicide à son actif. J’ai beau faire psycho savoir les symptômes, que c’est une maladie, que c’est dans le cerveau etc etc, bref tout ce qui est théorique. Mais finalement on se pose toujours des questions, comment on peut toujours être mal ?

    Et puis je suis tombée en dépression le 14 novembre 2011 [après un événement qui n’a pas lieu d’être détaillé ici]. D’un seul coup, tout à vraiment changé en moi. Je me suis mise à pleurer tout le temps et n’importe où, ressasser continuellement et avoir qu’une seule envie : mourirJ’ai arrêté d’aller en cours et suis rentrée chez mes parents. Je ne sortais pas de mon lit, pleurais encore et toujours, ne mangeais plus ou si j’avais le malheur d’essayer le vomissait de suite. Je ne dormais plus non plus, enfin si de temps en temps mais uniquement du sommeil paradoxal c'est-à-dire que je rêvais uniquement. Enfin j’aurais bien voulu rêver mais non, je faisais un cauchemar et c’était toujours le même. Tous les soirs je faisais des crises d’angoisse. Et puis j’étais continuellement exténuée.  Ma mère m’a de suite emmenée chez le médecin qui m’a prescrit des anxiolytiques et des somnifères. Mais ça m’y faisait rien ou en tout cas pas grand-chose. Je prenais plus d’anxiolytiques pour que ça m’assomme et donc éviter de penser. Evidemment ça nous assomme mais ça ne fait rien d’autre.

    Et puis il y avait ses périodes où je n’étais plus moi-même, où je ne me contrôlais absolument pas. J’ai l’habitude d’appeler ça des crises et pour le décrire simplement c’est un peu comme si pendant la dépression on est à -100 continuellement et d’un coup [après un mot, un regard dit, ou pas dit justement, ou quelque chose qui ne va pas comme on veut (on ne trouve pas ses chaussures ça m’est arrivée)] on passe à -1000 .On se met dans une colère noire et/ou tristesse encore pire que d’habitude, on pense que personne nous aime, qu’on sert à rien, on s’en prend aux personnes qu’on aime, on est réellement odieux. On a des pensées encore plus négatives que d’habitude, une crise de nerf atroce. Je me suis déjà enfoncée les ongles dans le visage tellement j’étais sur les nerfs que j’avais besoin de me faire du mal pour me défouler. On est vraiment, vraiment incontrôlable, et on est plus nous même. Je me demande maintenant si les personnes qui passent à l’acte ne se trouvent pas dans cette « crise ». Puis après on revient dans notre -100 habituel, et personnellement je me souvenais de mes pétages de câble, et je réalisais que c’était horrible d’avoir fait ça et on s’en veut. Et puis il y a ses gens, ses « amis » qui te font sentir que si tu veux aller mieux tu peux, qu’on a tous nos problèmes et qu’on fait pas tous ça, ou il y a ceux qui ne prennent absolument aucune nouvelle. Sur le coup on en a rien a faire de recevoir un sms, mais pour la suite c’est très important.

     

    Je suis retournée chez le médecin qui m’a alors prescrit des antidépresseurs. Le problème c’est que ça met 3semaines avant de commencer à faire effet. Alors en attendant c’est toujours la même chose. Petit à petit, plus d’un mois après la prise de mon 1er antidépresseur, j’ai commencé à sentir son effet. Je remangeais, je sortais de temps en temps de mon lit. Mais il ne faut pas se leurrer, j’étais toujours très mal, toujours ses crises d’angoisse, je pleurais toujours autant et j’avais toujours envie de disparaître.

    Puis j’ai commencé à retourner un peu en cours, de temps en temps, certaines fois en pleurant, ou en plein cours je me mettais à pleurer. Mais c’était déjà ça, je sortais. J’ai aussi fait de la boulimie pour compenser mon stress (+10kg). Et puis petit à petit j’ai repris ma vie, mais toujours sans aucun plaisir, c’était purement par obligation. Mais vraiment je ne ressentais plus aucun plaisir, pour rien. Et mes semaines étaient ponctuées par quelques crises décrites plus haut, mes nuits étaient toujours faites du même cauchemar encore et encore. Mais au moins j’avais repris plus ou moins ma vie, même si je rêvais de disparaître.

    Il faut savoir que dès qu’on commence à reprendre sa vie, les gens se disent que tu vas mieux et ne font absolument plus attention. On se sent encore beaucoup plus seul qu’avant, parce que tout le monde pense que tu vas mieux, alors que dès que tu rentres chez toi tu te mets au lit et tu pleures.

     

    Après une crise parce que je ne trouvais pas mes chaussures je me suis dit qu’il fallait que je vois un psychologue, que je m’en sortirai jamais toute seule. Alors j’ai pris RDV, et suis allée. C’était en juin 2012, et le RDV est tombée le jour où j’ai appris que je redoublerai mon année. Evidemment je le savais que je n’aurais pas mon année, mais c’était un échec de plus pour moi. Elle m’a aidée à gérer ça finalement. J’ai continué à la voir jusqu’en septembre il me semble. Et puis j’ai plus senti l’envie et le besoin d’y aller, alors j’ai arrêté. J’ai aussi fait un grand tri dans mes « amis ». J’allais de mieux en mieux, je recommençais à trouver certain plaisir dans ce que je pouvais faire, même si j’avais toujours un mal être présent. Et encore aujourd’hui, la dépression m’a laissé cette angoisse permanente, je ne sais pas l’expliquer mais j’angoisse et pleure pour un rien. 

    J’ai arrêté mes antidépresseurs au début du mois de mars 2013.Il n’y a eu aucun changement d’attitude. J’avais très peur de retomber dans la dépression, ça m’angoissait beaucoup. Et je vous avoue que j’ai très peur qu’il y ait quelque chose de négatif dans ma vie parce que j’ai tout simplement peur de ma réaction, de refaire une dépression. Sincèrement je ne vois pas comment, sachant tout le mal que ça fait, je pourrais arriver à en traverser une autre

     Je me rends compte que j'ai pas parlé des problèmes de mémoire et concentration que la depression engendre aussi. Par exemple, je pouvais lire 5 fois la même phrase parce que j'avais oublié le début, que je ne la comprenais pas. Donc de toute façon mes cours ...

    C’est un long article, peut être que certain d’entre vous ne l’auront même pas lu, mais c’est un article que je tenais à faire pour expliquer ce que pouvait être la dépression. Même si pour bien expliquer il aurait fallu des pages et des pages. Mai je sais également que pour les personnes qui ont une personne dépressive dans leur entourage c’est très dur à vivre puisqu’elles ne savent pas quoi faire. Une des choses à faire je pense, c’est lui faire comprendre que ce n’est pas de sa faute que c’est une maladie. Et ça déjà c’est dur. Parce que comme c’est une maladie « mentale » on se dit direct qu’on est complètement taré. Alors que non, mais il faut en général l’aide d’un professionnel pour arriver à voir un petit bout du tunnel, les antidépresseurs font que la moitié des choses, ils n’enlèvent pas le mal être psychique.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Maman pirate Profil de Maman pirate
    Mercredi 3 Avril 2013 à 11:32

    Je comprends totalement ton article, je comprends chacun de tes mots car j'ai fait une dépression en 2009 moi aussi. Je pense que tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas comprendre...
    Les gens te prennent pour une folle, te disent que quand on veut on peut,... C'est vraiment une période très difficile de ma vie dont j'ai encore du mal à parler car je me souviens de toutes ces crises, de tout ce mal que je (me) faisais...
    Chapeau pour ta franchise et ton courage ♥

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    2
    EeleeSible Profil de EeleeSible
    Mercredi 3 Avril 2013 à 19:36

    Merci ♥ J'ai eu quelques personnes qui sont venues me parler en MP twitter justement parce qu'eux aussi connaissaient la dépression etc, et qu'ils se sentaient moins seuls. ça m'a fait pleurer de l'écrire parce que je me remémorais tout mais finalement ça fait du bien de sortir tout ça et de voir que ça aide quelques personnes. 

    3
    Samedi 6 Avril 2013 à 20:39

    Je ne l'ai pas vécu en tant que tel, du moins je ne le suis pas diagnistiqué, mais je pense que depuis quelque temps, je suis également tombée dedans ... je pleure également sans raison, la nourriture ne passe plus, tout va mal et tout est noir ... je me sens moins seule à lire tes mots.
    Je te souhaite beaucoup de courage pour la suite <3

    4
    Lundi 15 Avril 2013 à 21:27
    OneeChan

    Je suis ravie de lire que l'écoute d'un pro peut aider parce que souvent on entend qu'après des tas d'années ça n'a pas changé grand chose. Ce qui est sûr, c'est que ça fera probablement de toi une meilleure psy si tu te lance dans cette voie après tes études !

    Je ne l'ai pas vécu mais dans ma famille il y en a eu de sévères voire fatales pour certaines... D'autres vont mieux au bout de pfiou tellement d'années ! MAis je comprend un epu ce que tu décris pour avoir été dans un état semblable à cause d'une pillule : les mêmes symptômes, jusqu'à ce que je l'arrête - les palpitations cardiaques et esoufflement en plus.

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